economie

L’ECONOMIE.

Le système économique mondial en vigueur se trouve dans une crise permanente, qui ne pourra pas être vraiment dépassée tant qu’on n’aura pas formulé avec clarté, et sans aucune ambigüité, deux interrogations fondamentales, et qu’on ne leur aura pas donné des réponses correctes.

La première est: Voulez-vous une société d’hommes et de femmes libres et créatifs, ou un système d’esclaves programmés pour fonctionner sans penser, comme une des centaines de millions de machines, dans la continuelle frénésie de production matérielle qui soumet, instrumentalise et contrôle tout ?

La seconde est: Les mille et une formes d’égoïsme et de compétition – qu’elles soient individuelles, de groupes, nationales ou même multinationales – représentent-elles un principe essentiel ou même indispensable du fonctionnement de l’économie globale et une conséquence inévitable de l’usage de la liberté de chacun, ou bien constituent-elles la véritable origine de tous ces problèmes interminables que connaît l’humanité, et qui seraient alors dérivés d’un usage criminel et pathologique de cette même liberté ?

Après la défaite des systèmes communistes, on assiste maintenant à l’affaiblissement du système capitaliste, rendu dramatiquement évident par l’apparition d’un taux de chômage incontrôlable à l’échelle mondiale, qui s’accompagne de conséquences sociales plus que douloureuses.

C’est aujourd’hui une situation généralisée et courante qu’un citoyen honorable et disponible pour un travail utile à la communauté se retrouve subitement privé de la garantie de sa subsistance, de la sienne et de celle des personnes qui sont à sa charge.

Si, en conséquence de cela, il finit par tomber dans des pratiques anti-sociales, est-ce à lui exclusivement qu’il faut en attribuer la faute ? Quelle est la part de responsabilité effective qui doit être assumée par le système qui y a contribué ? Ces faits constituent-ils un simple accident de parcours ou ne sont-ils pas la conséquence d’une erreur collective, d’une folie générale ?

NOUS AFFIRMONS QUE TOUT ETRE HUMAIN, PAR SA PROPRE DIGNITE EN TANT QUE TEL, C’EST A DIRE PAR LE SIMPLE FAIT D’ETRE NE, A LE DROIT – A PRIORI – A LA GARANTIE DES MOYENS QUI LUI ASSURERONT DES MODELES D’EXISTENCE SUFFISANTS, INDEPENDAMMENT DE L’OCCASION OU DE LA POSSIBILITE D’AVOIR OU NON ACCES A UN EMPLOI DANS LE SENS CONVENTIONNEL DU TERME.

Si l’on constate qu’il y a de moins en moins de place pour tous dans le travail de la production matérielle et dans les autres professions qui lui sont étroitement liées, il devient urgent de repenser et de redéfinir d’autres bases économiques pour que chacun dispose de moyens de subsistance et de confort dignes et équilibrés, et pour qu’il ait en même temps la possibilité d’être utile et de mettre en avant sa créativité et sa valeur.

Il faut tirer les leçons que l’expérience de chaque moment procure à l’individu et à la collectivité.

Une des grandes conclusions à tirer de l’expérience actuelle est que le problème du chômage ne sera pas résolu par des mesures de formation professionnelle, mais qu’on pourra le réduire en faisant remarquer qu’on a trop insisté sur le fait que l’emploi était le critère social de décence, de réalisation et de justification pour chaque citoyen et même – plus incroyable encore – pour chaque être humain. En même temps, il faudra reconnaître sans équivoque, ce qui demandera une certaine audace, qu’il existe à l’échelle mondiale et dans de nombreux domaines un excès de production, motivé par la fièvre du lucre et par une polarisation matérialiste d’une partie conséquente de l’humanité (je dis conséquente pour parler en termes quantitatifs et en termes de poids décisionnel).

Oui ! Plus qu’un excès de consommation – qui existe effectivement sous certains aspects – on note aujourd’hui un excès de production, pendant que l’humanité est focalisée à l’excès dans le plan matériel et l’activité extérieure.

Cependant, il existe aujourd’hui déjà des hommes et des femmes capables de se concentrer réellement sur l’être, et qui ne désirent pas avoir plus que le nécessaire pour jouir de conditions de vie raisonnables (cette conception du raisonnable étant bien entendu très différente de celle qui s’est hypertrophiée dans les pays dits industrialisés ou dans les classes sociales dites élevées au sein de toutes les nations).

Il existe déjà des hommes et des femmes suffisamment forts et éveillés au niveau de leur âme pour ne pas assimiler leur raison de vivre avec la possession d’un emploi, l’exercice d’une profession dans le système productif ou dans une sphère du FAIRE matériel.

Il existe déjà des hommes et des femmes qui ne passent pas leur temps libre dans l’oisiveté, et qui l’utilisent au contraire dans une précieuse construction intérieure et dans des formes d’expressions utiles, édifiantes et encourageantes pour la communauté.

Voilà une base de départ pour résoudre le problème du chômage et, en même temps, pour commencer à construire une société fondée sur des valeurs plus élevées – société dans laquelle les citoyens seront nécessairement appelés à une co-responsabilité, à une co-création du bien-être collectif, du progrès moral de l’humanité, où la contribution de chacun sera rentabilisée et où chacun pourra profiter de tous les usufruits. Il en découlera une nouvelle conception de l’Etat, un véritable Etat de participation, ce qui correspondra en quelque sorte au développement d’une conscience de groupe.

Que de façons, en vérité, de contribuer au bien commun ! De contribuer à satisfaire aux exigences sociales, de trouver la joie et la réalisation dans l’usage solidaire de la liberté, et de la capacité de créer et de construire !

Naturellement, ceux qui, par leur inclination ou leur ambition à posséder des biens matériels, voudront continuer à investir largement leurs énergies dans des occupations conventionnelles (et de cette façon, dans le cadre d’une recherche d’un emploi ‘inférieur’, à obtenir des compensations plus grandes), ceux-là continueront à le faire librement, tout en accordant un tribu nécessaire, juste et équilibré, à la communauté, et ils n’auront pas pour cela un revenu disponible inférieur à celui dont ils bénéficient aujourd’hui.

Au reste, et c’est déjà évident, le caractère « intelligent » de tout type de travail prévaudra de plus en plus.

Je laisse à quelques disciples du monde le soin de formuler plus concrètement ces principes, ainsi que des façons progressives, sûres et crédibles, de procéder à leur réalisation. Cela sera fait sous l’inspiration conjuguée des 3ème, 7ème et 2ème Rayons, bien que ce soient en général des Maîtres, des Initiés et des Disciples du 3ème Rayon de l’Activité Intelligente qui s’occupent seuls des questions que vous regroupez sous le terme d’Economie.

Une chose encore.

Il est d’une évidente nécéssité de dire aujourd’hui qu’il existe une carence – une insuffisance – de revenus. Il existe en effet une honteuse distribution des richesses, selon des règles égoïstes et séparatistes, qui sont dues à l’insensibilité et au matérialisme encore en vigueur.

Graduellement, pourtant, vous comprendrez que le bien exclusif de quelques uns reste toujours superficiel, temporaire, incomplet et incertain. Que ce n’est qu’en résolvant de façon globale, progressive et coopérative, les problèmes de tous que vous serez capables de trouver et d’établir des solutions stables, durables ou permanentes. Ce n’est qu’en partageant solidairement les richesses disponibles et les besoins que l’on pourra éviter que la patate brûlante des crises, des difficultés et des privations passe de main en main – d’un individu à l’autre, d’un groupe à l’autre, d’un pays à l’autre, d’un bloc à l’autre – en d’interminables aller-retours.

En vérité, peu à peu, on commence à comprendre cela.

Il faut, cependant, que la pression des points de vue à court terme et partiels n’éblouisse pas, au point de l’empêcher, cette maturation lente et progressive d’un entendement plus ample.

Que l’humanité mette volontairement fin au temps des égoïsmes et des compétitions, qu’elle construise une Ere nouvelle de communion intelligente et libre, telle est la synthèse de ce que nous souhaitons et entreprenons.

Maïtreya, le 4 juillet 1995.